Simon Mendez est vacataire dans le département Mécanique et interactions, où il enseigne la mécanique des fluides en 3e année. Chargé de recherche CNRS / HDR à l’IMAG, il a mené une étude avec son collègue Manouk Abkarian, directeur de recherche CNRS au CBS, et visiteur à l’Université de Princeton, sur la façon dont le Covid-19 se déplace dans l’air… remettant notamment en question le mètre de distance recommandé parmi les gestes barrières.
"J’étudie les écoulements sanguins grâce à la simulation numérique depuis 2010, dans le cadre d'un grand projet commun avec Franck Nicoud, responsable du département Mécanique et interactions [relire l’article], explique Simon Mendez. Un de mes collègues, Manouk Abkarian, expérimentateur sur le sang au CNRS, mène des expériences sur les globules rouges au Centre de Biochimie Structurale (Montpellier). En février 2020, il est parti pour une mission de six mois à l’Université de Princeton, New Jersey, Etats-Unis."
C’était sans compter sur la première vague de Covid-19 : l’Université de Princeton ferme rapidement ses portes aux chercheurs, à moins que leur travail ne porte sur l’épidémie de Covid… Manouk Abkarian décide alors de lancer une étude sur la transmission asymptomatique du virus et sollicite Simon Mendez :
"En effet, le code de calcul est le même que pour les mouvements du sang, c’est de la mécanique des fluides ! Le but était d’aller vite pour que l’étude soit rapidement utile. On a trouvé une bonne dynamique de travail pendant le confinement. Les premières expériences se sont montées dans un placard avec de la fumée... les simulations ont vraiment permis d'accélérer l'étude."
L’étude porte sur l’écoulement de l’air devant une personne en train de parler, et du devenir des gouttelettes émises notamment lors de la prononciation de consonnes plosives, ou occlusives "P", "B" ou encore "T"… Elle prouve notamment que la distance recommandée de 1 mètre ne suffit généralement pas à préserver de la diffusion du virus contenu dans ces gouttelettes, qui peuvent être rapidement transportées vers un interlocuteur.
"Je me sers aussi souvent que possible de mes recherches pour illustrer mes cours, témoigne Simon Mendez. Bien sûr, respecter la distance est important, mais la force de la voix joue aussi, ainsi que le temps passé face à la personne… Avant le reconfinement, j'avais dit, par exemple, à mes élèves que s'ils se réunissaient en soirée, ils pouvaient baisser la musique, pour parler moins fort et limiter un peu les risques… Mais bien sûr, le mieux est d'être en extérieur… L'intérêt de cette étude est d'être assez accessible car ce sont maintenant des problématiques quotidiennes, mais on a là une véritable base scientifique pour donner des recommandations !"
De nouvelles expériences sont en cours, notamment avec l’orchestre de New-York, pour étudier l’écoulement de l’air lorsqu’on chante ou lorsqu’on joue d’un instrument à vent…
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